Qui n’a jamais rêvé de rencontrer le « roi » de la forêt Haute-Gaspésienne lors d’une randonnée dans l’arrière-pays? En effet, la forte densité d’orignaux au kilomètre carré augmente les chances d’en apercevoir lors de votre activité. Mais qu’en est-il en hiver? En cette période de l’année où les accumulations de neige se font de plus en plus importantes, il est encore plus probable de rencontrer un orignal lors d’une randonnée à ski ou en motoneige. Mais pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux sur les pistes en hiver et quelle pratique faut-il adopter lorsque ça nous arrive, et surtout dans un espace restreint?

Nous faisons le point avec notre collaborateur Marc L’Italien, garde-parc naturaliste au Parc national de la Gaspésie.

D’abord, il faut savoir que ce n’est pas par pur hasard si vous croisez un orignal sur une piste déjà « battue » lors de la pratique de votre activité. En hiver, l’accumulation de la neige au sol impacte directement le comportement des orignaux. Afin de minimiser sa dépense énergétique, l’orignal aura tendance à se déplacer vers ses habitats d’hivernage, ces zones de confinement que l’on appelle ravages. Pendant cette période les orignaux se regroupent et par piétinement vont créer des sentiers qui rendent plus facile l’accès à leur nourriture. Si malheureusement l’orignal est contraint de quitter ces zones, tout est à refaire et peut entraîner des conséquences graves pour sa survie. Pour un orignal les surfaces déjà tapées, comme les pistes de motoneige, de skis ou encore de raquettes représentent à cette période de l’année des « oasis de neige battue » et deviennent en quelques sortes l’habitat de survie de l’animal. Alors, dès qu’il trouvera un emplacement où il pourra se déplacer facilement et avoir accès à de la nourriture, il peut décider d’y rester pendant de longues heures, voire même quelques jours…

Que faut-il faire alors?
Bien évidemment, si l’espace nous le permet, l’idéal est de tenter de dévier sa route à l’extérieur du sentier principal afin de contourner l’animal sans trop le déranger. N’ayez crainte, il ne sera pas porté à se diriger vers vous, surtout s’il y a beaucoup de neige. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir déjà des traces qui ont été empruntées par d’autres utilisateurs.

Vous êtes en motoneige et l’espace est restreint? L’idéal est de faire un détour si l’endroit le permet. Dans le cas contraire, nous vous recommandons de faire demi-tour et de revenir un peu plus tard. Ne tentez surtout pas de poursuivre l’orignal sur quelques mètres dans l’espoir qu’il reprenne le bois! Si l’orignal est sur la piste, les chances qu’il retourne en forêt sont assez faibles. N’oubliez pas que dès que l’animal a un effort à faire, il retombe en dépense énergétique.

Ce qui est important à remarquer?
D’abord, il faut prendre le temps d’observer le comportement de l’orignal. Sachez que vous n’êtes probablement pas les premiers humains qu’il rencontre et que vous n’avez aucune idée de ce qu’il a vécu auparavant. Vous êtes peut-être le 50humain qui croise sa route… Si on respecte l’animal dans son habitat et qu’on se tient à une distance respectueuse, les chances de se faire « charger » sont faibles! Il faut prendre le temps de repérer les signes! L’orignal est très curieux de nature et son comportement peut nous en dire long sur son état d’esprit. Prenez le temps d’observer d’abord ses oreilles. Si elles sont bien droites, c’est qu’il est calme et ouvert à ce qui se passe. Dans le cas contraire, si les oreilles sont baissées et que son poil dorsal se raidit, cela veut dire qu’il se sent menacé. Pour désamorcer la situation, il faut garder son calme, lui parler doucement, taper délicatement des mains. Avec ces mouvements, nous tentons de le faire passer en mode curiosité.

Il ne faut surtout pas crier! L’ouïe est un sens également très développé chez l’orignal. Il peut entendre des sons que l’humain aurait peine à percevoir. Ce qui veut aussi dire que si vous rencontrez un orignal, il serait préférable d’éteindre le moteur de sa motoneige, car cela risque de le faire paniquer. Il faut aussi éviter de se rassembler près de la bête et même de tenter de l’encercler! Ça ne fera qu’empirer la situation.

Même si l’orignal à l’ouïe et l’odorat très développés, ce n’est pas tout à fait le cas pour sa vue. D’ailleurs, s’il est pris de panique et qu’il s’apprête à se sauver, il ne verra pas trop bien les obstacles qui se présentent à lui, il pourra donner l’impression de vouloir se jeter sur vous, mais c’est qu’il se sent tout simplement aveuglé par le danger. Pour l’orignal la voie de sortie la plus facile c’est la piste durcie.

Finalement, il faut se rappeler que l’arrière-pays c’est « la maison » de l’orignal, mais aussi d’autres animaux qui vivent à ce moment de l’année une période difficile. Alors, lors de la pratique de nos activités de plein air, il faut avant tout respecter la faune dans son environnement et essayer le plus possible de leur laisser la priorité.

Bonne randonnée!

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